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mercredi 7 mars 2012

Sur les bancs de l'école au Cambodge

Le Cambodge compte presque 15 millions d’habitants avec une espérance de vie de 62 ans. La population est jeune et  32 % ont  moins de 15 ans avec un âge médian à 22ans.

La scolarisation est un vrai problème : 40% des enfants ne sont pas scolarisés et 23%  seulement finiront leur primaire.

Trois types d’écoles existent. D’abord ce sont les écoles  d’état, dites gratuites mais qui ne le sont pas dans les faits. Les professeurs ont un salaire très faible et pour arrondir leur fin de mois, les familles sont obligées de payer pour que le professeur s’occupe de leur enfant dans une classe surchargée de près de 100 élèves et pour que les photocopies leur soient distribuées. De plus, les élèves doivent avoir un uniforme non fourni par l’école : un haut blanc et un bas bleu (jupe pour les filles et un bermuda pour les garçons).

Puis, il y a les écoles privées à qui les familles versent officiellement une somme mensuelle. Les effectifs des classes sont moins nombreux, environ trente élèves mais c’ est l’école des privilégiés.

Beaucoup ne vont à l’école qu’une demi-journée pour pouvoir aider les parents en travaillant …ou en mendiant le reste de la journée. Quand on sait que 35% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté (1 $ par mois), l’école est un luxe.  Et quand la famille peut envoyer un enfant, c’est le garçon que l’on enverra. Ainsi, les petites cambodgiennes sont les premières victimes de l’analphabétisation.

Alors il y a l’école pour les pauvres ! C’est ce qu’ils appellent d’un terme général « les orphelinats ». Mais les élèves ne sont pas que des orphelins. Certains le sont mais les autres sont issus de familles pauvres qui n’ont que ce choix-là. Ce sont souvent des associations humanitaires ou la volonté d’un homme, qui essaient de réunir des fonds ou de faire appel à des dons pour faire fonctionner l’ école.

Nous avons fait la connaissance de Monsieur Ross. Il a 40 ans et est lui-même issu d’une famille très pauvre. Il a été livré à lui-même très tôt et s’est débrouillé comme il a pu. Après 20 minutes de tuk-tuk, nous nous trouvons dans la petite salle de la bibliothèque à l’entrée de sa modeste école quand il m’explique comment à force de volonté, il est arrivé à construire 6 écoles (3 à Siem Reap et 3 dans d’autres provinces).
 Malheureusement, la saison des pluies a détruit une de ses écoles.

Monsieur Ross: c'est lui!
Il me raconte : «  lorsque j’étais jeune, en parlant avec mes camarades d’infortune, je leur disais déjà que je  quitterais le Cambodge mais que si j’arrivais à avoir un métier, je reviendrais aider les miens ». Son discours est marqué d’émotion, mais le flux de ses paroles est continu. Nous l’écoutons sans l’interrompre.  Il part à l’étranger et revient une fois ces études terminées ; mais c’est la période terrible des Khmers rouges où il est enrôlé en tant que traducteur pour l’armée vietnamienne. Fait prisonnier, il échappe à la mort et  devient photographe de guerre pour des journalistes japonais. Il se lie d’amitié avec l’un d’entre eux et ils parlent de son projet d’école pour les pauvres. La guerre se termine, le journaliste repart au japon mais  il lui promet de revenir au Cambodge pour l’aider à réaliser son projet. Une année et six mois sans nouvelles  de ce journaliste japonais, M. Ross finit par  travailler dans un hôtel. Pourtant,  un jour il est là ! Il est surpris, mais heureux, car son ami a tenu sa promesse et il est revenu avec des capitaux qui lui ont permis de débuter son activité.

C’est une petite école à la périphérie de Siem Reap que nous visitons. Pour les enfants, nous avons apporté un modeste présent : 40 cahiers, une cinquantaine de crayons gris et de taille-crayons.





Il y a une classe fermée, deux classes paillottes et une classe en plein air. Les enfants sont âgés  de 5  à 17 ans. Toutes les matières sont enseignées mais l’accent est mis sur l’anglais. Des touristes sont invités à venir faire la classe en anglais pour compléter l’enseignement sur place. Aujourd’hui, Je ferai partie  de ceux-là. J’ai dans un premier temps, devant moi des enfants de 8 à 10 ans. Je suis dans la classe fermée, nous nous sommes déchaussés (et oui, on ne rentre pas avec les chaussures dans les habitations et dans l’école comme au Laos !). On nous fait de la place sur les bancs au milieu des élèves. Ils sont heureux de pouvoir converser avec les enfants et moi. On nous demande notre nom, notre âge, d’où on vient, qui on est… Ils n’ont pas peur de parler alors que Tess et Donovann  sont plutôt dans la réserve, intimidés, je pense au milieu de tous ces élèves qui les dévisagent. Après environ 1 heure de conversation, nous nous quittons avec une petite chanson enfantine anglaise.

Les enfants nous ont vraiment accueillis chalaureusement.

Tess et Donovann Chantant une petite chanson...
Nous nous dirigeons ensuite vers une autre classe dans la cour : les enfants ont entre 5 et 10 ans. Nous faisons connaissance et passons en revue les couleurs, les animaux, l’alphabet, les nombres et puis le cours inscrit sur le tableau. Je fais un tour de table, si je puis dire (il n’y en a pas !) et cela me permet de connaitre leur âge. Je suis choquée de voir certains élèves en sous-nutrition. Leur taille trahit un manque alimentaire évident.



parking dans la cour!
Il est plus de 18H : c’est la fin des cours.
Chacun repart chez lui, à pied ou à vélo. Les enfants, même les plus petits, effectuent les trajets seuls. Là, c’est un petit village mais nombreux sont ceux qui longent les routes dangereuses et traversent seuls au beau milieu de la circulation. Cela ne fait pas peur à personne !




C’est monsieur Ross qui me parle de communiquer avec notre école. Il veut que ces élèves puissent entretenir une communication avec une école française pour que les petits cambodgiens prennent conscience du monde qui les entoure, des habitudes des petits français, de leur quotidien et de leur vie.

Nous trouvons que c’est une merveilleuse idée, d’autant qu’elle vient de lui. Nous savons qu’ils pourront, eux aussi, apporter beaucoup à nos chères têtes blondes. Leurs vies sont si différentes et  leurs préoccupations si opposées.

Les enfants nous demandent si nous revenons demain…malheureusement, nous quittons le Cambodge et nous n’aurons pas la chance d’y revenir.

Une chose est certaine : nous n’oublierons pas le sourire de ces enfants !

Depuis que nous sommes en Asie, nous avons découvert le sourire : et quelle découverte !  Nous, on adore ! Mais, Le Cambodge est peut-être le pays où ce sourire est le plus vrai. Pas un jour ne se passe sans que l’on nous sourit.

Et, à ceux qui peuvent penser que ce sourire n’est pas sincère et qu’il est intéressé, nous répondrons que dans certains cas peut-être mais… pas quand un enfant de quatre ans nous dit avec sa petite voix « Hello » avec un sourire d’une oreille à l’autre, pas quand c’est un mécanicien en plein travail qui lève la tête, croise notre regard alors que nous passons en tuk-tuk et nous sourit. Des exemples comme ceux-là, nous en avons des dizaines et des dizaines à citer.  Et comme c’est bon !

On nous avait dit que les cambodgiens étaient un des peuples les plus gentils d’Asie : nous certifions que c’est vrai!

2 commentaires:

  1. Comme tout ce que tu as dit Angela et vrai et sans retenue ,quelque mot me vienne après notre séjour ,honnêteté ,sourire ,accueil
    Bonne suite pour votre parcours .
    biz Patrick

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  2. Moment de lecture très touchant les larmes montent après ce recit, que de belles rencontres, des souvenirs pour la vie, beaucoup de courage, cela donne envie d'apporter un peu d'aide à ce pays, à ces enfants, qui rêvent d'apprendre, nos gosses auraient besoin de plus de coup de pieds au c.., il faut vraiment voyager pour leurs faire comprendre que ici c'est vraiment une vie dorée qui s'offrent à eux !

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