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dimanche 4 mars 2012

L'hôpital des enfants "Jayavaman VII" de Siem Reap

Quand nous voyageons dans d’autres pays, il est difficile de ne pas avoir la turista. L’eau dans les pays que nous traversons n’est pas potable et nous devons même nous laver les dents avec de l’eau minérale.
Nous n’avions jusqu’ici que de légers troubles intestinaux mais au Cambodge, Donovann a eu vraiment une gastroentérite carabinée !
Au bout de trois jours de déshydratation et de fièvre, nous avons décidé d’aller directement à l’hôpital des enfants. Nous y sommes allés à reculons car dans tous les guides, il est indiqué noir sur blanc que si nous devons être soignés au Cambodge, il vaut mieux changer de pays et se diriger par exemple vers la Thaïlande : le système de santé n’y est pas fiable. Nous verrons (la turista n'étant pas si difficile à soigner).

Nous arrivons et expliquons aux gardiens de l’hôpital postés aux grilles, ce qu’il en est. Seule la mère est autorisée à entrer avec l’enfant : j’entre donc. Un homme nous guide et nous allons directement à la salle d’attente. Là des femmes allaitent leur bébé et à l’appel de leur numéro, elles n’ont même pas le temps de se rhabiller qu’elles sont déjà debout avec le bébé obligé de suspendre son repas.
Des infirmiers (je suppose) me demandent les symptômes, que je décris. Il n’y aura aucun examen (juste une prise de pouls au poignet à l’ancienne) et seule mes paroles sont prises en compte. La communication est rendue difficile du fait de leur anglais aléatoire. On me demande d’attendre et rapidement, j’entre dans une salle où un médecin me demande de nouveau des explications. Il me tend une feuille et je comprends qu’il va y avoir une prise de sang.

On m’accompagne dans une autre salle d’attente et environ cinq minutes plus tard, la prise de sang est réalisée par un jeune technicien  qui se débrouille plutôt bien. Il fait un garrot avec un gant de chirurgien et le tour est joué. La salle de prélèvement est vraiment spartiate, de vieux lits pliants dans un coin: on se demande ce qu’ils font là…
Après 10 minutes d’attente, les résultats tombent: la numération sanguine est normale, les plaquettes aussi: soulagement…

Je me dirige à nouveau vers le médecin qui me rassure : c’est bien une gastroentérite avec fièvre. Il me tend une ordonnance avec des sachets de médicaments. Il m’explique les posologies, me tend une carte d’admission et me dit que je dois revenir dans trois jours si la fièvre n’est pas tombée.
Je lui demande combien je dois : il me répond « free of charge » ! Je suis vraiment surprise : l’examen de sang, la visite et les médicaments sont gratuits !!!

Deux jours après, Donovann allait beaucoup mieux  et je remercie vraiment les infirmiers et le médecin de l’hôpital des enfants qui nous ont bien accueillis et soignés.


Nous avons voulu en savoir plus sur cet hôpital…
Il est tenu par le Docteur Beat Richner, citoyen suisse qui travaille au Cambodge depuis plus de 30 ans et qui est à la tête de la fondation « Kantha Bopha » (nom donné aussi à deux autres hôpitaux de Phnom Penh qu’il a construit aussi).

On nous parle d’un concert de violoncelle qu’il organise tous les samedis à 19H15 pour les touristes. Violoncelliste, il utilise ses talents pour promouvoir son action et nous trouvons naturel de nous y rendre. 
Le concert se compose de morceaux de musique de Bach et de lui, intercalés par des prises de paroles et un film. Et nous allons comprendre pourquoi les soins étaient gratuits…



Devant nous, c’est un homme volontaire, courageux dans ses actes et ses paroles ; un homme qui se bat tous les jours pour que les soins aux enfants soient gratuits et qui martèle un seul message « nous devons prendre conscience que nous pouvons tous sauver le monde » et qui n’hésite pas à dénoncer la corruption du parti.

La situation du Cambodge est critique concernant la santé en général. Voici quelques chiffres...
65% des cambodgiens sont atteints de tuberculose. Et plus grave, la transmission de la maladie s’effectue  au nourrisson par le lait maternel dés les premières heures.

Il soigne 6 à 1O cas de perforations intestinales par jour dans son hôpital, conséquence de la tuberculose.
Une épidémie de Dengue est récurrente. Provoquée par les moustiques, elle provoque une fièvre qui peut être mortelle. Le seul moyen de lutter est la transfusion sanguine.

Les nouveau-nés naissent avec le tétanos car les mères ne sont pas vaccinées.
Beaucoup d’enfants sont brûlés car la cuisine cambodgienne se fait souvent à même le sol et les enfants en sont les premières victimes.

Normalement, au Cambodge lorsqu’un enfant est malade, avant même la consultation, les hôpitaux publics demandent de l’argent. Les familles doivent ainsi payer à l' avance les hospitalisations et les médicaments. Or le Cambodge est un pays pauvre et beaucoup de familles ne gagnent qu’un demi-dollar par jour (bien en dessous du seuil de pauvreté). Alors ils n’ont pas le choix et laissent mourir leurs enfants.
photo tirée de son site
Le Docteur Beat Richner a construit plusieurs hôpitaux à Phnom Penh et un à Siem Reap pour que ces enfants aient une chance de vivre. 80% des enfants rentrant dans son hôpital ne meurent plus faute d’opérations et de soins comme auparavant. Même les brûlures les plus graves ne s’infectent plus  et les enfants guérissent.





Mais ses hôpitaux sont complètement privés et fonctionnent grâce à des donations. Seuls 3% du budget de fonctionnement est pris en charge par l’état cambodgien, ce qui reste incompréhensible pour le docteur qui sauve des vies de la future génération cambodgienne.  10% est pris en charge par la Suisse, son pays où il mène une action constante. Enfin, le reste ce sont des dons et les concerts à eux seuls rapportent à la fondation 5 millions de dollars par an.

-Son cheval de bataille : donner du sang  et /ou de l’argent !
-Son message, c’est un message de paix où tout le monde doit oublier le passé, toutes ces guerres et ses horreurs et où le mot d’ordre serait le pardon.

-Sa lutte : faire en sorte que les organisations internationales donnent autant d’importance à la Dengue qu’à la grippe aviaire même si le moustique a moins de chance de passer les frontières que le canard !

-Son rêve : faire la même chose en Afrique!



 Nous sommes  tombés sous le charme de cet homme qui consacre toute sa vie à la cause cambodgienne. Il veut que son hôpital soit un havre de paix, et que tous les enfants aient leur maman à côté d’eux  pendant toute la durée des soins. Il rémunère ainsi les parents et participe au transport jusqu’à l’hôpital. Il a remarqué d’ailleurs que le rétablissement de l’enfant est étroitement lié à la présence de la mère et que la valeur physiologique des cellules T (cellules immunitaires présentes dans le sang) augmente quand l’enfant baigne dans une ambiance de paix et de calme.
Enfin pour éviter la corruption au sein même de son hôpital, tous les salariés sont payés 5 à 20 fois le salaire minimum (250 dollars à 1000 dollars par mois).Ils sont cambodgiens pour la majorité et sont au nombre de 1400 pour soigner 600 000 visites d'enfants malades par an.

L’entrée au concert était libre et donner notre sang est allé de soi. Si vous allez un jour à Siem Reap, participez vous aussi à son action pour changer le monde.

4 commentaires:

  1. Ola mes Aventuriers préfere merci pour t on billet
    Angela et je confirme les soins apporté a Donovan
    super je savais que l'on devais rester plus on as manque de participé a cela .
    Biz a vous quatre Patrick Laurence

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  2. J'espère que Donovan va vite se remettre de cette mésaventure, très belle leçon de vie de ce suisse, incroyable des concerts pour donner son sang ! Biz de st maurice cécile célia

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  3. Magnifique Dr Richner. Entendre une suite de Bach au violoncelle au Cambodge...dommage que ce soit si loin !

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  4. superbe histoire dont j'avais entendu les échos positifs lors de mes deux précédents séjours!j'ai 40 ans ,je passe le concours d'aide-soignante prochainement dans le but d'être diplômée et d'aller vivre au Cambodge plus tard (justement près de Siem Reap ).j'aimerai faire partie de cette belle équipe soignante à l'avenir.

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