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mercredi 21 mars 2012

L'école de MuongKang

Noy (prononcé Noï), la directrice de l’hôtel, est une femme  engagée et fait partie de ces patriotes qui essaient d’aider les enfants pauvres de son pays.  Avec les moyens dont elle dispose et surtout avec l’énergie qu’elle déploie à trouver des sponsors, elle essaye d’apporter un maximum à la petite école de Muongkang dans la province de Champassak, à une trentaine de kilomètres de Paksé. Muongkang est le village de sa nounou avec qui elle a gardé de bons contacts puisque c’est elle qui l’a élevée en grande partie.


Des orages ont sévi ces derniers jours et une partie de la route qui mène au village est en construction et pas encore goudronnée. Noy s’inquiète et pense que nous aurons peut-être du mal à passer. Mais nous y allons.


Le village est situé au bord du Mékong et nous arrivons sans difficulté jusqu’à un embarcadère où nous montons dans un bateau. Nous sommes accompagnés de Pierre, 10 ans le fils de Noy, de sa baby-sitter, d’Anne- Marie, une laotienne qui vit 6 mois à Londres et 6 mois au Laos pour des actions humanitaires, sa nièce de 18 ans et Annie, infirmière anesthésiste qui voyage pour des missions de médecins sans frontières. Ah oui, j’oubliais : Sam, le chien de la famille de Noy.



Des orpailleurs cherchent fortune dans les eaux du Mékong et le bateau  avance tranquillement vers la rive opposée. Le ciel est nuageux ce matin et la lumière particulière donne au paysage un air mystèrieux.





De loin, nous apercevons les élèves qui nous attendent et qui nous observent. Nous y sommes : la rive est abrupte et le sol glissant.






Après quelques centaines de mètres, nous découvrons les bâtiments et les élèves. Il y a les classes  des grands et puis celle des tout-petits.














Nous rencontrons une autre organisation « énergie sans frontière » : ils ont collaboré au projet de Noy auparavant et aujourd’hui, ils sont venus avec des pots de peinture pour apprendre aux élèves et aux enseignants de l’école à valoriser  leur mobilier : une vieille armoire, des bureaux qui vieillissent mal…












Alors, ce sont plusieurs « ateliers » qui sont mis en place : celui de la peinture, celui des paniers à riz auquel participent les enfants, celui de la cuisine (non !!! Nous n’y avons pas participé, cette foi-ci !!) et puis l’atelier Ping-pong et Bernard prend un réel plaisir à le diriger.
Les paniers à riz, en fait, ce sont les élèves qui sont tous issus de familles pauvres qui les fabriquent quotidiennement. En les vendant, ils aident leur famille. Ils ont voulu montrer leur travail et Pierre, Tess et Donovann s’appliquent. Ils entrelacent des lamelles de bambous mais cela est bien plus difficile que cela en a l’air et les élèves habitués reprennent régulièrement les erreurs de nos enfants. Il faut un jour pour fabriquer un panier à riz  alors ceux des enfants ne seront pas terminés. Et cela chagrine vraiment Donovann mais Noy lui dit qu’on l’aidera à Paksé car certains de ses employés viennent de cette école et ils  fabriquaient eux aussi des paniers à riz.













Quant à l’atelier Ping-pong, c’est un véritable succès ! Bernard et les élèves installent dans une salle de cours des bureaux: il en faut six. Les élèves ne comprennent pas tout de suite le but de la manœuvre et quand Bernard sort le filet, les yeux sont grands ouverts. Tout est prêt et Bernard et Tess font une démonstration mais quand l’invitation aux élèves est lancée, la timidité l’emporte. Ce sont les maîtres et les maîtresses qui vont briser la glace. Un premier élève a le courage de venir jouer et puis au bout de quelques minutes, rires et applaudissements se font entendre. Un tournoi est improvisé et c’est l’occasion de distribuer les casquettes, les sacs à dos et les cordons porte-clés du Conseil Général que nous avions fait envoyer à Paksé. Ils sont  heureux et même les professeurs veulent une casquette !






C’est la pause-déjeuner et une grande table a été dressée dans la cour. Des femmes s’affairent autour du feu pour préparer un mélange de riz gluant et  lait de coco dans un tronçon de bambou. Puis c’est  le début d’un long défilé de plats :  la soupe du jour aux œufs de fourmis, des nouilles, du poulet et du poisson frits à l’ail (un régal), des feuilles de cresson bouilli, du poisson cuit à l’eau (savoureux), de l’omelette et du riz gluant à volonté dans des petits paniers à riz qui gardent la chaleur. Nous avons tous goûté la soupe du jour avec les œufs de fourmis (voire des larves) : ce n’était pas mauvais mais à l’unanimité  « Zassotienne », pas délicieux non plus. L’idée nous gênait un peu (manger des œufs de fourmis…) mais nous avons fait l’effort de goûter !




La nounou de Noy est là et elle lit dans les lignes de la main. La gente féminine s’y presse mais quant à moi, je préfère rester avec mon ignorance et mes rêves…

Noy me propose d’aller distribuer des cahiers et des crayons gris et de couleur aux élèves de primaire. C’est l’ambassade de France qui a donné ce colis. Pour moi, c’est  le plus beau moment de la journée : les enfants, quand ils nous voient arriver, comprennent et frétillent (vraiment !) de joie de recevoir un petit cadeau. Ils ont des visages magnifiques et sont tous à croquer (ça c’est la maman qui parle !). Ils sont tous assis à leur place et attendent patiemment que leur tour arrive. Le don du cahier  et des crayons est ponctué par un waï (les paumes des mains jointes) et d’un « Kop Chaï » qui veut dire merci. Leur bonheur rejaillit en nous, pour Noy et moi. Ils ne sont pas du tout timides comme leurs aînés et ils nous remercient par une jolie chanson. J’ai a-do-ré !  Nos enfants, élèves de pays riche, ont des trousses qui débordent de stylos, quand ils perdent ou quand ils cassent (parce qu’ils ne font pas attention à leurs affaires vu qu’ils en ont trop), on rachète. Comment leur faire comprendre que ce que nous avons en France et ce que nous vivons n’est pas la vie de la majorité des enfants dans le monde ?







Nous repartons par une promenade à pied pour rejoindre le bateau. Sur le chemin, les « sabadiiiiiiiii » (bonjour) des villageois rythment nos pas.


 Anne-Marie connait bien les végétaux : elle nous montre le goyavier dont les feuilles en tisane font des merveilles en cas de diarrhée. C’est important car l’eau que consomment les laotiens n’est pas toujours assainie et ils souffrent régulièrement de problèmes intestinaux  et puis ils n’ont pas toujours l’argent pour acheter des médicaments.




Ce qui attire notre attention est l’arbre à noix de cajou. C’est un arbre avec des fruits jaunes comme des petites poires molles. Les fruits n’ont rien d’intéressant en soi et ne sont pas comestibles, c’est  la noix de cajou qui  se trouve à l’extrémité du fruit (en-dessous) qui en fait l’intérêt.  





Nous visitons un temple mais uniquement les  extérieurs car c’est la période de la prière et nous sommes en pantalon. Sans la jupe traditionnelle, il est impossible d’aller à la rencontre des moines qui prient.



Nous repartons alors qu’une bufflonne et son bufflon (ou buffette) se baignent à côté du bateau. Encore une journée, où nous avons pris conscience de l’importance des  aides apportées aux populations pauvres. Le Laos, contrairement à ses voisins, n’a pas connu de grandes guerres et donc la focalisation est bien moindre ici qu’ailleurs. Pourtant, les besoins n’en sont pas moins inférieurs voire même bien plus nécessaires. Noy et d’autres, comme elle, en  sont conscients et font tout pour que cela change.

2 commentaires:

  1. Merci Angéla Bernard
    Pour tous ce qui et transmit par ce billet et je le dit encore et Laurence ce joint a moi on aurait bien aime continue l'aventure et que de bon moment vous avez encore a vivre.
    Biz a vous quatre Patrick (one more )

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  2. donner une gomme, un crayon ,un stylo, à ces enfants du laos est un cadeau extraordinaire , car la bas les enfants n'ont pas la societe de consommation ,ils vont tous à l'essentiel, nous les nantis des pays riches nous allons au superflu
    dans les yeux de ces enfants recevant ces cadeaux ,c'est un tresor pour eux , et si l'extraordinaire se trouvait dans l'ordinaire ?
    amitiés à vous 4 , dans vos yeux je vois le bonheur de ces petits ecoliers du LAOS

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