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dimanche 25 mars 2012

Les 4000 ïles: de Paksé à Don Khong

Le Laos est un pays tout en longueur et les 4000 îles du Mékong se trouvent à l’extrême pointe sud, juste avant la frontière du Cambodge.
Notre guide se nomme « Bounpane » : c’est son prénom car au Laos, c’est par le prénom que l’on se nomme. Bounpane a une fille de 12 ans et un fils de 11 ans. Il est professeur de français et sa femme enseigne à l’école primaire. Il est allé en France, à Rennes, où il a pu suivre des cours et amélioré son français. Quand nous lui demandons ce qui l’a le plus marqué en France, il nous répond que ce sont les villes, l’architecture des maisons en pierres et le côté très organisé de nos vies. Il faut prendre rendez-vous pour aller voir quelqu’un alors que dans son pays, on mise sur la spontanéité et l’improvisation. En se rendant chez la personne : elle est là, tant mieux ; elle n’est pas là : tant pis, on reviendra plus tard !

Bounpane a enseigné pendant 7 ans au Laos, au collège et au primaire mais son salaire d’enseignant ne permettait pas de s’occuper de sa famille (le salaire moyen d’un enseignant est de 60€ par mois) alors, il est devenu guide.

La route est l’occasion de parler de l’ambassade de France qui subventionne les quatre villes principales du Laos pour des classes bilingues franco-lao: Savannaket, Paksé, Luang Prabang et Vientiane. Le 30 mars est décrété cette année, la journée de la francophonie à Paksé.


Le premier arrêt est un village au Lak Siem sip (kilomètre trente), village d’artisans de rotin et ancien village de lépreux. Le bambou est vraiment une part importante de la vie des laotiens puisqu’il constitue la base des fondations de la maison, on l’utilise pour les nattes, le panier à riz, les baguettes…Mais cela reste une activité secondaire en attendant les travaux de la culture du riz, qui est le fondement de l'agriculture laotienne.






Un homme répare un bateau et il l’enduit de gomme pour l’imperméabiliser. Il y a de nombreux gommiers dans la région et ils récupèrent cette gomme en mettant le feu à l’intérieur du tronc de l’arbre.








Des femmes fabriquent des chaises. Deux bambous différents sont utilisés : l’un à section d’environ 4 cm pour la structure et un bambou plus fin dont on coupe des lamelles pour le tissage de l’assise et du dossier mais aussi pour l’utiliser comme lien. On peut obtenir 7 couches de lamelles de bambous à partir d’une épaisseur de 5 mm au départ !


Plus loin, une autre femme fabrique un petit tabouret. Un homme, son mari probablement, est très avenant. Il part et revient très fier avec un panier à riz qui a plus de 60 ans. Il le garde en « souvenir », nous précise t-il (c’est son propre mot) car aujourd’hui plus personne n’est capable de le fabriquer. Le panier est magnifique avec un double tissage différent entre l’intérieur du panier et l’extérieur. Il a été très finement tissé, le couvercle a une forme pyramidale incurvée et les finitions sont vraiment recherchées.


Petite astuce pour ceux qui ont du mobilier en rotin : pour qu’il ne casse pas en vieillissant, il faut le mouiller régulièrement. Ce geste a pour but d'assouplir le rotin et de le rendre plus résistant.

Sur le sol, un tas de végétaux qui sèche attire notre attention : c’est du Kapok ! Le fruit du kapokier est cueilli et  séché. Quand on l’ouvre, les alvéoles laissent apparaitre le Kapok, qui gonfle avant d'être récupéré et utilisé.



Nous sommes étonnés de voir des enfants qui ne sont pas à l’école. Bounpane nous explique que l’école est officiellement gratuite et obligatoire jusqu’à 11 ans. Mais dans les faits, les familles doivent payer les uniformes, les cahiers, les livres et une inscription annuelle. Certains enfants issus de familles pauvres n’ont donc pas la chance d’aller à l’école et travaillent pour aider leurs parents.



Nous reprenons la route au milieu de toutes ces vaches et ces buffles en liberté. Les vaches ont pourtant des propriétaires, elles ont des signes distinctifs comme des cloches ou des colliers en corde de couleur, mais la période actuelle est propice à la reproduction et les laisser en liberté favorise cette reproduction.
Nous voyons de nombreux arbres mais les plus importants sont ceux à bois dur comme le bois de rose et le tek.  L’ébène est en voie de disparition.

Nous faisons une halte à un autre village de vannerie. C’est un village où a été regroupé des tribus vivant à la montagne : les Braous et les Lavés. Ce sont des tribus animistes qui pratiquent encore le sacrifice du buffle. Il a lieu lors de la pleine lune de mars en hommage à l’esprit du village. La viande est ensuite partagée entre toutes les familles. Le point de vue est à l'inverse des pays d'occident: il est collectiviste au lieu d'être individualiste.

Ils n’apprécient pas beaucoup les photos, alors nous respectons leur volonté. Ce village est immense avec une cour au centre du village. Les maisons sont traditionnelles sur pilotis et en bambou et bois. Aucune clôture : toutes les familles vivent ensemble, en communauté, d’autant que les maisons sont très ouvertes et que la vie quotidienne s’organise sous la maison, à la vue de tous.


La fabrication des maisons est très naturelle puisque ce ne sont que des matériaux qu’ils trouvent dans la forêt environnante. Les murs sont obturés par de larges  feuilles d’arbres ou par de l’écorce d’arbre ou encore par des nattes de bambous.






Nous ne passons pas inaperçus : le fauteuil est toujours un aimant. Un homme fabrique des panneaux en paille pour les toits des maisons. En fait, ce n’est pas vraiment de la paille mais des lamelles séchées et fines de bois qui sont nouées autour d’une tige en bois. Les panneaux sont conservés jusqu’à leur utilisation : un toit est complètement changé une fois tous les deux à trois ans avant la saison des pluies.
Notre guide nous montre combien les lamelles de bois sont solides. Il en découpe quelques millimètres sur la longueur et commence à  torsader la fibre en la frottant contre son pantalon. Une mini corde à deux brins apparait et en tirant, on s’aperçoit que c’est très solide. Il nous explique que ce genre de corde était utilisé pour attacher les éléphants, les buffles et les cochons.


Nous reprenons la route vers l’embarcadère qui mène à Don Khong. Nous sommes dans la région où le Mékong est le plus large (14 Km).  Nous arrivons et la voiture monte sur le plateau. Nous devenons plus inquiet quand on se rend compte que sur ce même plateau monteront en plus 2 pick-up, 1 bus de 20 personnes, une moto et…..un poids lourd !!! Derniers conseils pour les enfants si l’on coule : LOL!



Pause déjeuner : les plats sont dé-li-cieux. Ce sera du poisson sauce coco pour Bernard, du poisson en croûte de sel grillé pour moi et du Pad Thaï rempli de cacahuètes pour les enfants.


Nous partons à la découverte de l’île de Khong. C’est une île qui est vaste : 18Km sur 8Km.
Les rues sont bordées d’arbres aux grappes de fleurs jaunes. Ces fleurs sont accrochées à des fils de coton pour embellir les maisons ou en colliers lors du nouvel an Laotien qui va avoir lieu, cette année, du 13 au 16 avril.










Nous sommes en pleine récolte de riz. La boucle est bouclée : quand nous sommes partis :
au Vietnam, c’était le labourage et la plantation du riz, puis ce fut les différents stades de la pousse du riz dans les autres pays au cours de notre voyage. Au Cambodge, il était mûr et sa bonne odeur trahissait le moment proche de la récolte. Aujourd’hui, au Laos, nous le voyons récolté.





Il est coupé à la faucille et séparé directement de la paille pour être séché ensuite. Normalement, le riz est séché sur paille mais le climat est à la pluie et les paysans ne veulent pas prendre le risque de perdre leur récolte.
Certaines parcelles n’ont pas été semées. Bounpane nous explique que plusieurs familles doivent se mettre d’accord pour partager les coûts d’électricité de pompage de l’eau. Une famille ne peut pas à elle seule supporter un tel coût.

Juin sera la période de la prochaine récolte. Pour amuser les enfants, Bounpane fabrique avec un tronçon d’une tige de riz, un sifflet.









Nous visitons l’un des  temples traditionaux laotiens, encore présent sur l’île mais qui ont disparu dans les grandes villes. Ils sont complètement en bois et ils ont fini par tous être détruits lors de la guerre contre les américains. Il est planté à l’intérieur d’un grand parc de bambous, d’une forêt avec du tek.





Ce qui va nous intéresser est un nid de fourmis : impressionnant comment de si petits animaux peuvent construire des nids dans le feuillage de manguier. En observant de près, nous avons affaire à une véritable architecture avec des emboitements de feuilles. C’est dans ce type de nid que les laotiens récupèrent les œufs, les larves et les fourmis (mets que nous avons goûtés dans la soupe à l’école, il y a quelques jours). La fourmi rouge est aussi utilisée pour lorsque le nez est bouché en cas de rhume. On frotte dans la paume de la main trois à quatre fourmis et on obtient ainsi de l’acide formique présent dans le baume du tigre que l’on va sentir.

Enfin, la journée se termine par la visite d’une famille qui fabrique du sucre de palme. Nous sommes accueillis par un homme de 66 ans. Il rayonne et son regard est magnifique : c’est  le regard d’un enfant avec des yeux brillant de malice.







Bounpane nous explique qu’il y a des palmiers mâles et femelles. Il faut 30 ans pour que le palmier produise du sucre de palme. Les deux fruits sont différents mais peuvent être  utilisés indifféremment pour donner le sucre.







Une échelle de bambou est fabriquée et fixée le long du tronc du palmier. Ce sexagénaire  et son fils montent trois fois par jour pour « masser » les fruits à l’aide de bâtons. Un gros tronçon de bambou permet de récupérer le liquide qui suinte. Le fruit est tous les jours coupé en biseau pour que le liquide continue à suinter. Le même fruit peut donner plusieurs mois.




Le liquide est chauffé longtemps : le sucre de palme apparait. Ils le disposent dans des petits moules en feuilles de bananier. Les morceaux sont ainsi prêts à la vente. Nous avons un faible pour des petits morceaux mélangés à de la cacahuète et des grains de sésame.




1 commentaire:

  1. Avant les années cinquante nous n'avions pas de matières synthétiques ; pour faire des coussins ou oreillers, on les bourrait de kapok ou de plumes.
    On apprend beaucoup de choses à travers ces visites dans les îles , et ils savent tirer partie de tout ce qui les environne.

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