Les mines au Cambodge

Le Cambodge a été le pays le plus bombardé d’Asie du Sud-Est lors de la guerre du Viet Nam mais aussi des guerres civiles. Les Vietnamiens ont tapissé de mines le Cambodge pour protéger l’acheminement des hommes et du matériel, les  américains ont bombardé pour  déloger les Viets Congs  et le général Lon Nol  lors de son coup d’état puis les Kmers rouges ont miné massivement la frontière Vietnamienne car  les Vietnamiens étaient devenus des ennemis.

 A Siem Reap, se trouve un musée qui n'est pas prétentieux mais il montre bien l’ampleur de la catastrophe humanitaire et témoigne du cauchemar qu’ont vécu et que vivent les cambodgiens au quotidien. On estime encore entre six et sept millions de mines et de bombes non explosées .

Aujourd'hui, les bombes tuent toujours et il est urgent de déminer au plus vite.

Ce qui est dangereux est la difficulté de voir ces mines dans la nature d'autant que les crues successives des saisons des pluies enterrent encore plus les engins meurtriers. Les enfants qui jouent dans la forêt ou qui aident leurs parents dans les travaux agricoles en sont les premiers victimes.

Aki Ra en est le fondateur du musée. Son histoire est étonnante et voici l’extrait d’un article qui raconte sa vie.

« Aki Ra n'a que 5 ans quand ses parents sont assassinés par les Khmers Rouges qui l'enrôlent immédiatement dans l'armée et se chargent de son éducation. Ainsi lui apprend-t-on à cacher des mines, tirer au fusil, à lancer des roquettes et à fabriquer des petites bombes. Il reçoit son premier fusil à l'âge de 10 ans. Combattant dans l'armée khmer rouge sans savoir qu'un autre monde existe en dehors des villages, de la forêt et de la guerre, il est fait prisonnier par l'armée vietnamienne qui ne lui laisse pas "d'autre choix que celui de rejoindre leur armée ou d'être abattu". Il n'a que 13 ans. Dès lors, les Khmers Rouges deviennent ses nouveaux ennemis. Désormais, il cache des mines, tire au fusil et au lance-roquette pour le compte des Vietnamiens. Ceci durera 4 années. Il a maintenant 17 ans. Au retrait des troupes vietnamiennes, il rejoint l'armée régulière du Cambodge qui lutte encore contre les derniers soldats khmers rouges retranchés dans la région de Siem Reap où les combats vont se poursuivre jusqu'en 1993. A cette date, les Nations Unies envoient dans la région une force de paix. Aki Ra a 20 ans et n'a connu que la jungle et la guerre. »

Aki Ra a décidé de déminer son pays, de sensibiliser la population aux risques mais aussi d’aider ceux qui ont été victimes de ces mines et qui sont handicapés à jamais. Les enfants mutilés sont envoyés à l’école et pour les plus grands , il leur trouve du travail.

Dans la rue, les hommes handicapés que nous avons vus vendent tous des livres en langues étrangères relatant surtout l’horreur vécue par les cambodgiens pendant la période Khmers rouges. Les femmes tiennent aussi des stands. Bizarrement, nous avons rarement croisé des enfants handicapés...

Dans le musée, ce qui nous a le plus touchés est le film qui est passé et qui intercale des scènes de déminage et d'enfants malgré leur handicap qui restent des enfants. Ils rient, s'amusent et jouent  même au football avec une jambe et une béquille. C'est aussi ça la vie: apprendre à vivre avec son handicap et accepter son corps. Le plus difficile dans tout ça? Probablement, le regard des autres.