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dimanche 4 décembre 2011

L'école de Van-Tho

Nous sommes à Hanoï et avons la chance de rencontrer Nghia, journaliste à la radio La Voix du Vietnam. Il est journaliste mais il nous dit très vite qu’il est aussi  guide, et traducteur dans une association de parrainage d’enfants pauvres, voire orphelins vietnamiens. 
C’est quelqu’un de très sympathique, et il ponctue toutes ses phrases par un rire. C’est grâce à lui et à ses contacts précieux que nous avons été mis en relation avec l’école Van-Tho situé à 100 km au nord de Hanoï au pied de montagnes. Nous sommes heureux de pouvoir aider une école pauvre…
Le colis destiné à cette école  a été envoyé par le regroupement des deux écoles Brignon et Cruviers –Lascours   à Hanoï. Il contient du matériel scolaire pour environ 50 enfants et la correspondance des élèves de l’école primaire de notre village. Deux jours avant, un autre colis préparé par mon club de ping et envoyé par la Mairie de Cruviers contenant du matériel de tennis de table a aussi pris la route d' HanoÏ. Quand nous sommes arrivés, une lettre de la douane nous attendait. Elle expliquait que le 1er colis, celui du ping-pong était arrivé, mais qu’il était en dédouanement, et que nous devions aller le chercher à l’aéroport (une heure de route). Après vérification sur internet en tapant le N° du colis de l’école, nous voyons qu’il est aussi en dédouanement. On se dit qu’avec un peu de chance, nous pourrons récupérer les deux !! Un seul détail nous ennuie : nous sommes la veille de la rencontre, et avons peur que le colis n’y soit pas (nous n’avons pas la lettre correspondante). Nous prenons alors la décision, d’aller acheter des fournitures scolaires pour 50 élèves et  de ne pas prendre le risque d’arriver les mains vides à l’école.

Le lendemain, à la douane, un vrai parcours  du combattant, il nous faut une heure pour récupérer le colis du ping-pong. D’abord pour discuter des taxes, ensuite pour les convaincre de nous laisser prendre le colis : en effet, il est interdit au Viet Nam d’importer des objets d’occasion. Nghia arrive à les convaincre que c’était du matériel sportif m’appartenant, pour participer à des compétitions ici ; et enfin, parce que je n’avais qu’une copie de mon passeport, et qu’il fallait justifier de la date d’entrée au Viet Nam.

Nous avons récupéré, non sans mal, le colis du ping ; mais malheureusement, comme nous l’avions craint, pas celui de l’école. On nous a dit qu’il était encore à Ho Chi Minh….

Guidé par Nghia, nous nous rendons dans la commune de Van-Tho. Entre la traversée de Hanoi avec toute sa circulation, les nids de poule, qui ici s’appellent les nids d’éléphant, le goudron qui quelques fois  disparaît, pour laisser place à de la terre battue, et les moments où cette « route » est carrément en construction (on finit par rouler sur des galets) , deux heures ont été nécessaire.


Par la fenêtre défilent des champs de maïs, des rizières, des côteaux plantés de thé, des potagers, où les tomates sont en fleur (ici il y a des légumes et des fruits toute l’année). Les poules picorent sur les chemins; plus on avance, plus on prend de l’altitude et nous entrons dans une forêt. Nous croisons des charrues tirées par des buffles.  Les maisons ne sont pas systématiquement regroupées en villages, mais éparpillées dans la campagne.



Il est 11 heures, c’est la fin de l’école et les écoliers rentrent à vélo. Nous sommes en retard… Nghia, reçoit un coup de fil : Madame Ahn, la rectrice de l’école, s’inquiète de ne pas encore nous voir. Elle ajoute qu’elle retiendra les élèves jusqu’à notre arrivée.
Enfin la voiture s’immobilise. Deux hommes se dirigent vers nous, et nous comprenons qu’il y a le maire du village ; nous saurons plus tard que le second est le Président du Comité (du Parti). On nous salue, et tout le monde se dirige vers l’école qui est juxtaposée à la mairie.


La rectrice se présente et nous accueille, tous les enseignants sont aussi présents, et les enfants sont très amusés de nous voir (ils étaient en rang, mais ces rangs ont vite volé en éclats).




Une table sous un arbre de la cour avait été préparée, et nous sommes invités à nous y installer. Nous sentons que nous étions vraiment attendus, que tout avait été prévu, et qu’un protocole se met en place tout doucement.





On me demande de prendre la parole : Nghia traduit, et j’explique que nous sommes venus ici pour tisser les premiers liens entre cette école et celle de notre village à Cruviers-Lascours. Nous sentons qu’il y a un vrai enthousiasme. J’ai beaucoup insisté sur l’importance de l’échange culturel des écoles de deux pays différents ; que ça pouvait être une chance pour les enfants des deux pays de correspondre et  de partager une autre façon de vivre. Nos enfants prennent le relais et interprètent devant les élèves une chanson en français, tous les enfants commencent à taper dans leurs mains. Et pour les remercier, en écho, les élèves  vietnamiens font de même.
C’est dans cette ambiance fraternelle que nous demandons si certains ont des questions. Les élèves s’approchent de la table et les posent : notre nom, notre âge, et puis très rapidement sur les particularités de l’histoire de France, sur les différences avec notre école, sur ce que nous pensons du Vietnam.
Cela fait maintenant une heure que les élèves sont retenus à l’école, à cause de nous ; la rectrice décide de les libérer. Une nuée de vélos prend son envol (il faut savoir qu’il y a en beaucoup qui traversent la montagne pour venir à l’école et font 8 km tous les jours pour venir), nous sommes au milieu d’eux, et des enfants essaient de nous parler, et on comprend que certains nous disent qu’ils ont très faim !


Nous sommes à la mairie ; autour de la table sont assis tous les adultes : enseignants, maire, maire adjoint, président du Comité, Nghia et la rectrice. Le protocole que nous avions senti auparavant, continue à se dérouler. C’est un discours très volontaire et enthousiaste que le Président du Comité prononce. Il nous explique que c’est une école qui regroupe primaire et collège, avec 673 élèves, dont 50% font partie des foyers les plus pauvres. La région est très rurale, et les habitants vivent de la riziculture. Il y a 10 classes et 17 enseignants. Il est très heureux et fier qu’une école française s’intéresse à son village et à son école. Angela  présente  notre région, le village et puis surtout notre école ; et les remercie tous pour leur accueil si chaleureux.









Nous profitons alors de ce moment pour offrir, au nom de notre école, le colis que nous avions préparé ; et leur expliquons qu’un second colis doit bientôt leur parvenir, et qu’il contient un bien très précieux : des lettres de nos écoliers, pour les leurs, et que nos élèves attendent leurs réponses. Ils nous remercient et nous répondent qu’ils vont distribuer ces fournitures aux enfants les plus pauvres de l’école.




Nous sommes invités alors, à partager un repas vietnamien avec eux. Sous nos yeux des feuilles de papier journal sont dépliés en guise de nappe, un bol et des baguettes pour chaque convive. A peine installés des petits verres à saké sont remplis, et on nous explique que nous allons tous trinquer selon la coutume vietnamienne, au début du repas. Nghia nous glisse à l’oreille que la tradition veut que l’on le boive cul-sec. Nous nous plions joyeusement à la tradition. Le verre bu, il faut serrer vigoureusement et joyeusement la main de celui qui nous a invités à boire. Nous picorons dans des plats éparpillés sur toute la table.
Donovann et Tess se voient remplir leurs petits bols régulièrement de feuilles d’épinard, de cottes de blette, de petits morceaux de nem et de poulet, et  boivent du ginseng.
Quant à nous, nous sommes invités très régulièrement à trinquer, sous des prétextes divers. Au bout d’un moment, de peur  que cette tradition ne dure jusqu’à la fin du repas, complices, nous décidons de tricher un peu et de ne tremper que nos lèvres.

L’ambiance était vraiment joyeuse, fraternelle et sympathique. Nous avons été vraiment très bien accueillis, et nous ne nous attendions pas à tant d’attentions. Un bouquet, juste avant le départ, a même été offert à Angela.


Nous avons compris que c’est une école très pauvre, qui a très peu de moyens. Notre espoir est que notre visite soit la première pierre à un édifice de  communication entre les deux écoles. Pour nous, la richesse de l’Homme est dans le partage.  


5 commentaires:

  1. vous etes de tres beaux ambassadeurs !!!!

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  2. Vous êtes entrain de vivre une sacrée expérience humaine , c'est un plaisir de la partager avec vous. Biz à vous quatre .

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  3. Tess et Donovann se souviendront longtemps de cette école de la montagne au nord du viet-nam, et du bonheur que donne cette expérience du partage.
    Quelle belle journée !

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  4. Quelle fabuleuse expérience dans cette école et ce village du bout du monde
    Souhaitons que les échanges postaux soient facilités à l'avenir pour le bonheur de tous !

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  5. Très émouvante cette rencontre, on y retrouve, hélas, ce que l'on sait pour l'avoir vu dans d'autres contrées comparables : les tracasseries douanières(si encore il n'y a pas détournement ! )la gentillesse des gens de la rue, un soupçon de démagogie des élites dirigeantes, mais les enfants ! voilà le vrai, et c'est ce qui compte ! Finalement votre idée d'acheter sur place est excellente, c'est celle de bcp d(ONG, car ça fait d'une pierre deux coup : cadeau et vivre le pays !

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