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mardi 6 décembre 2011

A la rencontre d’un village.

Après en avoir longuement parlé avec Angela, nous décidons que nous ne donnerons pas le nom de ce village, non par égoïsme, mais pour préserver ce village d’un tourisme de masse, bien présent au Vietnam, et pour que d’autres vadrouilleurs, chanceux comme nous, puissent le voir dans son authenticité.
Ce village a mille habitants, et mille années. On se gare entre une vache qui broute, et un paysan qui cultive sa terre au milieu des tombes de ses ancêtres. Les morts étaient enterrés sur les rizières cultivées par leurs familles. La journée en travaillant la terre, les paysans pouvaient ainsi honorer facilement leurs morts.

 Chaque couple du village, se mariant, devait offrir quelques briques à la communauté pour continuer le chemin qui menait au village. Nous l’empruntons, et face à nous se dresse la porte d’entrée du village ; et quelle porte !










Des fleurs de docteur sont ouvertes : elles étaient appelées ainsi car les lauréats les recevaient lorsqu’ils rentraient au village.





Plus loin, des pommes rainettes et des jacinthes d’eau qui couvrent l’étang, des pommes merveilles données aux enfants le matin  avec le riz gluant, pour la vitamine A.


C’est un village typique : il a un marché, un bagnan, une maison communale, un puits, une pagode et un temple.
Ce village regroupe six familles, uniquement ; et qui ont toutes une maison de culte, datant de 300 ans et construites en bois de palissandre.







Ce qui est étonnant, c’est que tout l’espace est cultivé : non seulement des potagers, mais aussi des plantes aromatiques et médicinales sur les bas-côtés. Tous les villageois cultivent, pour tout le monde. A ce propos, la feuille de potiron, à l’ail, sautée est délicieuse.

Les villageois nous regardent, et l’on sent l’étonnement. Leurs visages sont fermés, mais il suffit de les fixer dans les yeux, de leur sourire, pour qu’ils sourient à leur tour.

Nghia tient à nous montrer une des plus anciennes maisons, datant de 275 années ; mais il nous suggère d’être discrets. A l’entrée de la propriété, nous jetons un coup d’œil rapide, quand Nghia est interpellé par un des occupants  de la maison. Nghia connait la propriétaire, et demande alors à la voir.  Nous voyons arriver une mamie de 82 ans, nous dit-elle, les dents rougies de bétel, un foulard noir traditionnel sur la tête. Elle parle quelques mots de français et nous dit qu’elle a même passé son certificat d’études. Elle nous invite à entrer, et on se retrouve très vite avec un petit verre de thé à la main. La mamie est alerte, et passe facilement le rebord des ouvertures de la maison (40cm !). Il faut imaginer une maison en bois sculpté et ajouré, de plain pied, avec un auvent soutenu par des piliers ronds, en bois. Il n’y a pas une porte unique d’entrée, mais une succession de portes ;  à l’intérieur, une charpente majestueuse, un autel des ancêtres au centre de la pièce principale. Cette pièce est peu meublée, un coin avec une table basse et des fauteuils vernis imposants ; de l’autre côté de la pièce, une armoire laquée et incrustée de nacre. A l’intérieur plusieurs générations, cela va de 82 ans à 18 mois. En repartant sur le chemin, nous nous demandons si nous, nous aurions offert un café à un étranger passant dans notre village ? Nous avons encore pas mal de choses à apprendre des asiatiques, et principalement le sens de l’hospitalité !










Nous continuons notre chemin, et descendons de notre cheval (c’est la signification de cette petite stèle).

En effet, nous arrivons sur la place de la maison communale où se dresse un magnifique bagnan, sur la gauche un puits, sur la droite des bruits d’enfants… On se rapproche, et dans une salle sur des petites chaises sont assis une vingtaine de marmots de moins de 5 ans : c’est l’école maternelle. Il faut voir dans quelles conditions, la maîtresse travaille : elle-même assise sur une petite chaise, à un bureau d’enfant, avec 30 élèves en cercle. Dans cette pièce des fenêtres sans vitres, et la porte est ouverte, ils nous voient et la maîtresse leur demande de nous saluer, et c’est dans leur  hello très aigu, que nous leur répondons en riant. Nghia présente Tess et Donovann, en précisant leur âge, et pour ne pas les déranger plus longtemps, nous nous éclipsons.



Nous voici sur le pont à neuf travées qui a 500 ans, il débouche sur la pagode du village entourée d’un mur en latérite : pas de mortier, aucun joint. Au-dessus de la porte la roue de Dharma à 8 branches, et au  milieu de celle-ci un autre symbole du bouddhisme : une croix, que le nazisme récupèrera en la mettant à l’envers ; elle est le symbole du néant, du nirvana.



Une porte immense, sculptée, s’ouvre sur un jardin asiatique avec toutes ses règles : le bonzaï à 5 niveaux, pour les 5 éléments, des marches qui ne sont jamais au nombre de 4 (chiffre de la mort), des cendriers pour brûler l’encens et le papier votif. De nombreux pèlerins y viennent le 1er et le 15ème jour lunaire. On retrouve la déesse de la miséricorde « Kuah Nyn »











Plus loin, en avançant dans les jardins, nous passons devant le logement des bonzes, une cour au centre, avec des pamplemoussiers, qui ont de gros fruits réservés pour l’importante fête du Têt.





Des autels se trouvent au fond d’un long couloir : l’autel où l’on vient prier pour avoir une fille, et  celui pour avoir des garçons. Au Vietnam, il y a 120 naissances de garçons pour 1OO filles.


Et puis il y a l’autel pour la transe : les sorciers invitent l’âme des morts, et une fois incarnée, cette âme communique par la bouche du sorcier, mais avec la voix du défunt, nous explique-t-on. En face de cet autel, sur des nuages sculptés qui symbolisent le paradis, sont installés des Bouddhas.



Juste avant de partir, nous traversons un dernier couloir : deux statues sont érigées : un Bouddha méchant qui ne l’est pas, puisqu’il ne punit que les méchants ; et un Bouddha gentil qui aide les pauvres.


La journée se termine, nous sommes dans la voiture, sur le chemin du retour ; nous traversons un village animé d’un petit marché. Tout à coup, Angela s’exclame « c’est des rats !! ». Il y avait sur un grand plat des rats prêts à être cuisinés. Nghia comprend et acquiesce en disant « et oui, ici on mange les rats ! », et là, dans un ensemble parfait, nous poussons tous les 4 un » bbbaaahhhh » de dégoût, qui rapidement se transforme en fou-rire général. Désolés, nous n'avons pas de photo: l'instant fut fugace!!!
Pour l’anecdote, pour soigner l’incontinence nocturne des enfants, il est naturel de leur donner à manger des araignées grillées.

5 commentaires:

  1. j'ai rêvé d'un autre monde... où la terre est carrée et le ciel rond :-)

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  2. C'est un privilège d'avoir pu aller dans ce beau village, ordonné, paisible et plein de spiritualité. Un bonheur !

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  3. Encore une découverte intéressante avec de belle photo. Par contre pour les rats bhouuuu, il vaut mieux un bon morceau de viande .

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  4. merveilleux village, pleins de charme, on touche l'authentique, grand privilège avec ce guide, une vrai mine :) bonne continuation, à bientôt cécile, célia et patrick

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  5. magnifique reportage , merci à vous 4 de nous faire partager ce vietnam profond et si attachant ou les hommes femmes et enfants vous offre comme seul offrande leur sourire et leur gentillesse
    ce village du nord du vietnam a gardé son ame
    imprégné de confucianismeet de bouddhisme
    quoique les bouddhistes sont vegetariens et respectent toutes les creatures vivantes ,aussi les insectes
    question de bouffe, pour les vietnamiens tout se mange les rats les chiens, les serpents, les chauves souris,les soupes à la tortue, les nids d'hirondelles !!! ce n'est qu'une question de culture !!!!!
    bonne continuation sur votre periple à travers le vietnam et je vous dis bonjour et au revoir en vietnamien
    "XIN CHAO" " HEN GAP LAI "

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