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jeudi 24 mai 2012

Une Birmanie à deux vitesses et une « birmanité » moins asiatique

   
Ce qui nous frappe le plus est l’état du parc automobile : la majorité ne passerait jamais aux contrôles techniques, et ne parlons pas des bus de ville et des taxis. Non seulement, les voitures sont vieilles mais sont surtout mal entretenues et la pollution est incroyablement importante. Parfois, en y montant, on se demande si l’on arrivera  à destination tellement tout tombe en miettes : le tableau de bord n’est pas fixé, des fils électriques traînent partout, des interrupteurs sont installés anarchiquement, les portes et les vitres ne s’ouvrent pas correctement… On sent bien que tout est débrouillardise.











En arpentant les rues, nous croisons des petits stands de rues où le petit électroménager est récupéré, remis en état et revendu. Il y a bien donc une population pauvre qui essaye de vivre, même de survivre : les fruits sont vendus à l’unité : une orange vaut 350 Kyats (0,35 ct d’euro) et une pomme venant de Thaïlande, 600 Kyats (0,60 ct d’euro). Un plat « fried rice » vaut 15OO Kyats (1,5€), une bière 500 k (0.50ct). Pour faire l’acquisition d’une voiture, tout comme au Laos, les taxes sont si importantes que le prix est multiplié par deux au final. En lisant un article dans le journal, un conducteur de trishaw avec trois enfants vit confortablement avec 1500 k, par jour, soit 1.5 euro mais il doit posséder son trishaw et ne pas le louer, ce qui devient de plus en plus difficile aujourd, hui.

Les immeubles sont aussi vieillissants et le taux d’humidité important de l’air contribue à une moisissure constante. Les immeubles sont pour certains très beaux car ils témoignent encore d’une architecture coloniale mais les façades sont noircies. La pollution en est aussi la cause.


Mais à côté de cela, il y a des centres commerciaux, de grands hôtels de luxe, des cybercafés où les habitants de la capitale, y compris les moines, surfent. Yangon possède pas moins de trois terrains de golf et donc les magasins de vente de ce type de matériel  pour ce sport fleurissent.
En regardant vivre cette capitale, on se dit que tout est à double vitesse. Avec l’ouverture politique depuis quelques mois, le tourisme est vu comme une véritable manne financière et pour l’hôtellerie, la restauration et les transports, les prix flambent (prix multiplié par 4 en quelques mois sans une modification des prestations : information transmise par un agent de voyage français).
Nous sommes surpris de voir une population qui est familière avec l’anglais pratique. Et nous nous rendons compte que les informations que nous avons, nous les occidentaux, sont fausses et obsolètes.
Par ailleurs si nous n’étions  pas au courant de ce qui se passe encore le long de certaines frontières birmanes, nous ne verrions rien car RIEN ne transparait. Juste un ou deux  birmans ont esquissé quelques mots en expliquant que la Birmanie est  un « bon » pays mais que depuis seulement deux à trois mois. Nous sommes passés devant la maison de  Aung San Suu Kyi et avons visité ses locaux politiques. Bien sûr, une grille haute et complètement opaque permet à « the Lady » de garder sa vie privée intacte et on le comprend bien.
Quant à ses bureaux, ils sont bondés : certains mangent, d’autres comptent l’argent, d’autres préparent des piles de journaux et de tracts et enfin, il y a la vente de tous les objets qui déclinent la photo de la députée parlementaire. On retrouve ces objets en vente dans les marchés et dans les rues.

Avoir la photo de  Aung San Suu Kyi n’est plus interdit et personne ne se cache, elle est adulée. Certains taxis tapissent leur intérieur de ces photos. Mais, la critique du pouvoir n’est pas facile et ce ne sont que des phrases chuchotées. Certains nous ont dit qu’ils attendaient beaucoup de cette femme mais qu’ils avaient peur de mettre tant d’espoirs en une seule personne, et d être déçus.

La population birmane est bien plus occidentalisée que nous le croyons. D’abord le Longwi (sarong de l’homme) laisse place peu à peu au pantalon. Puis, en nous promenant dans la Paya Chaukhtatgyi où se trouve un immense Bouddha couché à la couronne incrustée de diamants et autres pierres précieuses, nous observons de jeunes amoureux sur les bancs des jardins intérieurs.
C’est la première fois en Asie, que les gestes tendres sont publiques. Il n’est pas rare aussi dans la rue de voir un homme et une femme se tenir par la main et même s’embrasser  (imaginez le choc où depuis des mois nous nous évertuons à ne pas avoir de gestes déplacés !! LOL)
Ils sont bien attendrissants ces petits amoureux âgés tous deux de 24 ans !
 Et ceux-là, au bord du lac Kandawgyi partageant un épi de maïs,






Cependant, la modernité et la liberté apparente a des limites. Nous avons internet mais la vitesse est si lente que les téléchargements de photos ou autres sont quasi-impossibles, certains sites et même notre boîte mail ne s’ouvrent  pas sans que l’on comprenne pourquoi. Et puis, nous n’arrêtons pas de remplir des registres en déclinant notre identité et notre numéro de passeport, pour de simples petites visites…

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