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vendredi 6 janvier 2012

Le Tak Baat à Luang Prabang: la déception

Tous les matins au lever du soleil, vers 6 h, les moines vêtus de leur robe orange, et portant un bol d’aumône : une sébile (baat)  pour recueillir les offrandes, parcourent les rues. Cette quête s’appelle le Tak Baat.
C’est donc à cinq heures et demie, qu’avec Angela nous sortons de la Guesthouse (nous n’avons pas eu la cruauté de réveiller les enfants). Elle est située au milieu d’une ruelle qui est le centre du marché du matin : des femmes ont déplié des bâches ou des couvertures, et ont installé des légumes, du poisson, des épices…
le marché à notre retour, le jour levé



Mais comme il fait encore nuit, les premiers acheteurs vont d’étals en étals avec des lampes électriques. On dirait un étrange ballet fait d’ombres et de furtives lumières, où les odeurs d’épices, de fleurs et de poisson se mélangent…












Nous approchons maintenant des rues que les moines vont emprunter. Les lampadaires sont
éteints, mais peu à peu les façades des maisons s’éclairent  avec des lanternes en papier.





Les bouddhistes (Théravada) , tête et pieds nus, attendent l’arrivée des bonzes. Ils doivent être vêtus de façon décente : jambes et épaules couvertes. Ils sont agenouillés sur un tapis, une écharpe sur l’épaule gauche.
Le riz, qu’ils s’apprêtent à offrir, a dû être d’abord nettoyé de ses impuretés à la main, puis mis à tremper pendant une dizaine d’heures, et enfin cuisiné pour être prêt vers les six heures.  En plus du riz, les bouddhistes peuvent offrir des fruits ou des confiseries.

Les moines, qui n’ont pas le droit de gagner ni de dépenser de l’argent, vivent de l’aumône. Cette cérémonie met en valeur le lien étroit qui unit les religieux avec la population locale. Par son geste le dévot exprime sa générosité, qualité primordiale aux yeux des laotiens.

En file indienne, et en silence, sans regarder les fidèles, ils présentent leurs baats, qui se remplissent assez vite. A leur tour, ils redistribuent une partie de ces offrandes à des gamins pauvres qui leur tendent des besaces. Ils bénéficient de la générosité, et deviennent  à leur tour donateurs.


Mais voilà….Ce rituel religieux est désormais inclus dans les circuits des agences de voyages, qui n’hésitent pas à réserver des bouts de trottoirs pour que leurs clients se livrent, alignés sur des tabourets, à cette tradition colorée et très photogénique. A six heures moins dix, les tuk-tuk débarquent à différents endroits de la ville et déchargent leurs lots de touristes. Les minibus envahissent les trottoirs. Ces touristes se livrent à une parodie d’acte religieux : certains en tee-shirt et short  prennent la posture des fidèles. Les tours opérators ont tout préparé avant leur arrivée : des tapis ont été installés, des paniers de riz sont prêts. Les pseudo-fidèles n’ont qu’à s’installer, ce qu’ils font, d’ailleurs très bruyamment, sans aucun respect !

Les flashs crépitent dès l’arrivée des moines, ils se font prendre en photo à côté des moines, ou pire encore en faisant une offrande ! Certains vont même jusqu’à parodier la ferveur religieuse : ils lèvent le riz jusqu’à leur front en signe de dévotion et de prière…pendant qu’un autre les prend en photo ; on n’est pas loin du parc d’attractions !

Nous n’avons jamais autant vu le mauvais côté du tourisme de masse…

C’est la raison pour laquelle nous ne publierons aucune photo des moines (on n’en a pas pris !), seule une photo des acteurs de cette mascarade tellement nous étions dégoûtés de ce qui se déroulait devant nos yeux! Nous étions peu nombreux à être là, un peu éloignés, juste pour regarder en  ne  dégainant pas le zoom par respect, au contraire de ce touriste, muni d’un énorme réflexe numérique, qui barrait presque le passage des moines.

Et pourtant, purée, que c’était beau de voir ces groupes de moines arriver dans la brume et en silence, tous vêtus de leur robe orange, en file indienne ; le chef de la communauté religieuse d’abord, et à la fin les enfants-moines. Chaque temple arrivait et disparaissait séparément.

Où est la solution ? Rendre cette cérémonie privée, en la faisant se dérouler par exemple dans un temple et en interdisant toute photo et en obligeant une tenue correcte et descente ?

Et que risque-t-il de se passer si ce genre d’attraction Bouglione continue ? Que Luang Prabang perde son authenticité et son  classement à l’Unesco ? Quel dommage…Nous sommes tous responsables !

4 commentaires:

  1. Et oui, c'est ça le tourisme de masse. Qui est responsable ? les voyagistes, les organisateurs ? Ils pourraient expliquer et demander un minimum de respect. Certains le font pendant les trajets en bus...certains, seulement.
    D'autre part le tourisme apporte à ces pays sur le plan économique. Où est la solution ?
    Je comprends votre déception.

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  2. Hello mes aventuriers favori si de tout votre parcours cette mascarade négative ne représente que 1 /100 tant mieux je te dirait Bernard qu' au Maroc il organise des Fantasia pour touriste business is business je garde de tout ce que vous relaté depuis le début de votre périple le positif qui et dominent merci et bonne suite.
    Patrick

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  3. le point positif c'est aussi que pendant ce show des tours opérators qui est détestable à mon goût, Tess et Donovan eux dorment à poigs fermés et n'assistent pas à çà. Le tourisme de masse est le même partout sans respect, nous avons vécu la même chose au milieu de l'océan indien et des dauphins. A bientôt cécile, célia, Patrick

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  4. Hélas il y a belle lurette qu'en Afrique (par ex) on danse la danse des moissons toutes les semaines...Lévi-Strauss écrivait déjà Tristes tropiques...Ainsi va le monde, et le commerce n'a jamais perdu ses droits ! L'essentiel, c'est que VOUS fassiez la part des choses, et puissiez dire à vos amis de là-bas, que tous les touristes ne sont pas comme ça ! biz

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