9 heures de bus entre Bagan et Inlé
pour un cinquième du prix du trajet en
avion mais cette fois-ci avec la climatisation…qui ne tombera en panne que
trois heures avant d’arriver…donc on est plutôt satisfait.
La route est sinueuse et nous avons
gravi plus de 1400 mètres pour redescendre à 1000 à notre arrivée à Niang Shew près d’Inlé. Les paysages sont
surprenants. Nous avons quitté la plaine sèche de Bagan pour un véritable océan
montagneux de verdure et une température bien plus supportable. Ouf, on
transpire moins !
Des tronçons de route se
construisent sous nos yeux et tout est fait à la main. Les cailloux sont
concassés à la masse, le gravier est tamisé à travers un tamis en bambou et
transporté sur la tête et le goudron est chauffé et versé sur place. Des hommes
mais aussi des femmes et des enfants travaillent sans aucune protection dans
une fumée épaisse.
Notre habitation est assez loin du lac, environ 11 km, ce qui nous a permis d’éviter les prix exorbitants des hôtels sur place à plus de 100 dollars la nuit ! Décidément, le Myanmar devient une destination qui n’est pas pour toutes les bourses...Quel dommage !
Mais, ainsi éloignés, nous jouissons
d’une vraie paix propice à la récupération de nos vadrouilles, ce qui est tout
à fait plaisant.
Les premiers pas dans le village où
nous logeons se font une nouvelle fois à vélo. Qu’il est bon d’humer l’air et
de se balader au beau milieu des rizières, au milieu des vaches aussi et
d’observer la vie autour de nous, tout simplement.
Mais Inlay, c’est surtout le lac ! Il est 8 heures quand on vient nous chercher le lendemain. Vingt minutes de marche pour atteindre l’embarcadère où les tomates provenant des cultures du lac arrivent par bateaux pour être expédiées vers le reste du pays. Et environ 45 minutes de sampan plus tard, c’est une immense étendue d’eau à perte de vue. La couche épaisse de nuages qui n’a pas l’air de vouloir se dissiper donne une luminosité toute particulière aux clichés. Je mitraille, tant tout me parait splendide, je ne voudrais pas que nous oubliions...
Les pêcheurs ont une drôle de façon de ramer : debout en utilisant le mollet et le talon de la jambe pour pousser sur la pagaie. Ils donnent l’impression que la hanche va se décrocher. Cela leur donne un air irréel mais très esthétique ! Ce pêcheur posera presque pour nous…
Le ciel toujours aussi couvert, nous nous approchons peu à peu des villages. De gros panneaux à l’entrée incitent les paysans à cultiver de manière écologique en préservant leur terre. Inlé est un véritable jardin flottant : les hommes Intha récupèrent le limon pour fabriquer des îlots pour la culture des légumes. Parmi eux, des pieds de tomate à perte de vue que l’on reconnait même de loin par les centaines de piquets.
Des canaux mènent aux villages. Des passerelles en bambou les surplombent et permettent ainsi le passage à pied d’une rive à l’autre. Nous passons régulièrement des petits barrages de sacs de terre et de bambous qui laissent juste un passage étroit pour le bateau. Les bateliers sont de vrais experts et les franchissent à toute allure : pour Tess et Donovann c’est presque un manège.
Direction un des marchés qui se
déroulent à tour de rôle dans les villages qui entourent le lac. Tout y
est : les légumes, le textile, les CD et DVD piratés, les épices, le thé
et même les médicaments. Le transport en commun est le camion. Nous, nous
gouterons de petits beignets excellents d’oignon et d’herbes aromatiques. D’ailleurs,
les chiens errants ne s’y trompent pas et alléchés, nous suivent dans l’espoir
de voir tomber quelques miettes.
Nous visitons une pagode qui surplombe le marché et rencontrons un moine … pas habituel. Il a 35 ans et a suivi les préceptes du bouddhisme depuis l’âge de 6 ans. Il mâche la feuille de bétel et nous interpelle. Nous nous présentons et il nous demande si nous sommes Chrétiens. Nous acquiesçons mais nous lui disons que nous portons aussi un intérêt aux autres religions. Il nous explique ce qu’est le Bouddhisme, les différentes étapes pour un bouddhiste et combien il est important de méditer pour éloigner les souffrances (la Dukka) de notre vie. Chaque jour, il faut trouver le temps de se poser, nous dit-il, pour méditer : un retour sur soi afin de se demander ce qui peut être changé dans notre vie pour éloigner la souffrance. Il est heureux de parler de sa religion. Son anglais est approximatif mais nous le comprenons très bien. Il tient à nous montrer les abords du temple. Nous découvrons de petits stupas magnifiques mais la nature a fait son œuvre et la végétation a envahi les pierres. Le patrimoine birman à Inlé tombe en ruine peu à peu.
Nous l’interpelons à notre tour et
lui demandons si nous pouvons lui poser une question directe. Nous lui
demandons si la feuille de bétel est compatible avec le Bouddhisme. Déstabilisé, il répond avec honnêteté : il doit se
repentir chaque jour pour cela. Il est moine mais a ses faiblesses contre
lesquelles il lutte chaque jour. Nous resterons encore quelques minutes avec
lui puis reprendrons le chemin du retour bordé d’une forêt de bambous.
Nous visitons aussi un vieux monastère, celui des chats sauteurs. Les moines les ont dressés pour passer à l’intérieur de petits cerceaux. Nous admirons la vue sur les canaux.
Puis, notre batelier nous propose la
visite d’un atelier de tissage de fibres de lotus. C’est vraiment très
intéressant : les jeunes filles coupent la tige de lotus et quand les deux
tronçons se séparent, on voit nettement les fibres. Elles les font rouler sous
leurs doigts sur une table mouillée. Le fil ainsi fabriqué sera ensuite tissé. Le touché est
étonnant : la fibre est grossière mais douce. Il faut savoir que La fibre
de lotus est sept fois plus onéreuse que celle de la soie !
A Inlé, il ya aussi 800 cigares
fabriqués par jour avec à l’intérieur, un mélange de feuilles de tabac, d’anis
étoilé et de miel. Avec dextérité, les travailleuses roulent le cigare, font
les finitions à la paire de ciseaux et collent à l’aide de riz gluant. On nous
propose de les essayer mais nous nous abstiendrons même si l’odeur du mélange
sec est un ravissement.
Nous repartons de cet endroit féérique avec des images plein les yeux. Inlé n’a pas manqué à sa réputation : c’est à couper le souffle.
C'est quoi les espèces de vagues que l'on voit sur l'avant dernière photo?? Merci encore pour ces paysages fabuleux et votre blog...Combien d'articles aurons nous encore le plaisir de lire?? Angela écrit si bien que c'est un régal et une vraie détente de partager cela avec vous...De Paris, vous arrivez comment?? En avion jusqu'a Mtpellier?? Hé, le 17 juin, n'oubliez pas d'aller voter!! Vous aurez l'embarras du choix..ou le choix de l'embarras, c'est selon!! Bon retour parmi nous, et quand vous aurez repris vos esprits, on se fait une petite séance de partage de voyage!!! On languit votre retour par ici!! Bisous à vous quatre!
RépondreSupprimerTrès gentil ce moine avec qui vous avez pu échanger. Quant à la feuille de bétel ... personne n'est parfait !
RépondreSupprimerMagnifiques photos du lac et des jardins flottants